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Position de la FCPE Nord sur la loi BLANQUER « L’école de la confiance »

Les parents d’élèves comme les autres acteurs de la communauté éducative ont pris connaissance du texte de la réforme dite de « l’école de la confiance ». Entre les évaluations dans le primaire et la réforme du lycée, aucune famille ne peut ignorer que l’Education Nationale est en pleine mutation. Ce texte fait débat. Certaines collectivités ont réagi, les enseignants ont commencé à se mobiliser.

Que dit ce texte ? La réponse à cette question n’a rien d’évident. Le texte ne parle pas des programmes enseignés, ni de pédagogie, rien sur l’éducatif. Ce texte est technique, administratif, structurel et organisationnel. Il traduit une véritable volonté politique de changer le système éducatif.
De plus, le texte actuel, largement amendé lors des débats à l’Assemblée Nationale, n’est pas définitif : il doit encore être étudié et certainement modifié au Sénat. A ce stade, c’est donc un texte « provisoire » qui fait débat, en pleine navette parlementaire.

Mais alors, quels sont les grands axes qui suscitent de telles réactions ?

La création des établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF). Sur décision du préfet et des collectivités locales, ces établissements seraient constitués des classes d’un collège et d’une ou plusieurs écoles du secteur de recrutement du collège. L’EPSF serait dirigé par le principal du collège, seul chef d’établissement.

Les parents d’élèves sont attachés à la fonction du directeur ou directrice d’école comme interlocuteur accessible et privilégié des familles. A qui les familles vont-elles s’adresser s’ils ne sont plus là ? Les écoles n’existeront plus au niveau administratif donc les conseils d’école devraient subir le même sort. Nous notons que les parents d’élèves élus dans les conseils d’école et dans les conseils d’administration des collèges ne seront pas consultés pour la création des EPSF.

La mise en place d’établissements publics locaux d’enseignement international (EPLEI). Sur l’exemple de l’école Européenne de Strasbourg ces établissements sélectionneraient leurs élèves sur la base de « vérification des aptitudes ».

Ainsi, le projet de loi propose un enseignement public avec un recrutement des élèves basé sur des critères de sélectivité et dont le fonctionnement et le financement sera en partie privatisé.

L’instruction obligatoire à 3 ans. Heureusement, l’école Républicaine est gratuite et, aujourd’hui, les enfants de 3 ans sont TRES massivement scolarisés dès cet âge. Cette pseudo avancée dans la sociabilisation ne concerne en tout et pour tout que 26.000 enfants sur le territoire. Cette nouvelle loi imposera aux collectivités de financer à niveau équivalent les écoles publiques et privées.

La généralisation des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL). Le texte revoit la gestion des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Le projet est de passer d’une gestion basée sur l’élève à une gestion par l’établissement. Le PIAL de l’établissement comporterait un volume d’emplois affectés selon les besoins. Face à un besoin individuel, la solution proposée est collective, basée sur des contrats à durée déterminée (renouvelables). Dès ce stade, il apparait évident que la réponse n’est pas satisfaisante et que les moyens mis en œuvre ne répondront pas aux besoins exprimés par les familles. Le texte manque cruellement d’ambition sur l’inclusion.

Le recours aux assistants d’éducation (AED) sur des périodes d’enseignement. Sans rentrer dans le débat sur la « qualification » le constat est fait depuis de nombreuses années que les enseignants absents ne sont pas remplacés. Ce combat pour le remplacement est au cœur des luttes de la FCPE. La réalité est la suivante : il y a pénurie d’enseignants « fonctionnaires » et le mouvement ne va pas s’inverser. Face au manque de recrutements, les réponses sont multiples. Certaines académies testent des dispositifs de substitution avec le CNED, des offres de postes sont publiées sur des sites… Le recours aux AED est un subterfuge, une parade. L’Education Nationale va ni plus ni moins recourir à des emplois contractuels. Les familles verront-elles une différence au quotidien ?

La place des parents d’élèves. Ce texte interpelle quant à la place qu’il fait aux parents d’élèves. L’article 1 stipule que le respect est dû à l’institution scolaire. La contrepartie ? Rien. Pas une ligne sur le respect dû aux familles. Le temps de la co-éducation est loin. Quel sera la représentativité des parents d’élèves ? Dans l’article annonçant la création des EPSF, rien n’est dit sur la composition des conseils d’administration : est-ce que les parents des écoles siègeront, combien seront-ils ? Cela va-t-il faire des parents impliqués dans le primaire de « gentils organisateurs » de fêtes de fin d’année et de marché de noël ? Notre force dépend de notre présence.

« L’école de la confiance » ne répond pas à bon nombre de questions posées par les familles. Rappelons-le ici, c’est un texte qui organise la structure du réseau école-collège avec une vision très élitiste.

Enfin, pour appréhender pleinement ce texte si technique, il faut le remettre dans son contexte. Il est, ni plus, ni moins, le pan « Education Nationale » d’un projet global de réforme de la fonction publique.

A ce stade, il ne nous est pas possible de dire aux familles d’être confiants mais plutôt d’être très vigilants !

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